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B@B - Un homme seul

Rédigé par Alexis Aucun commentaire

Une courte histoire sur un homme, dont les malheurs et caprices de la vie l'ont enterré dans sa solitude.

La musique à écouter avec l'histoire (Je vous conseille de porter un casque) :

 

Il était sept heures trente, ce dimanche de décembre, et Luc venait de finir son café chaud, en cette journée qui s'annonçait déjà trop froide. C'était la saison qu'il détestait, celle de Noël. Il faisait frais, la nuit s'enroulait au pied de la ville de plus en plus tôt et était glacée. En plus, cela faisait quelques années que la féérie de la neige ne tombait plus. Ce qu'il détestait par-dessus tout, c'était cette fausse aménité qui émanait des gens. C'est vrai : ils étaient tous, le reste de l'année, acariâtres, acerbes, acrimonieux, pire encore, invectifs. Et sous prétexte d'une fête religieuse, tous, athées ou théistes, agnostiques ou croyants, chrétiens ou non chrétiens, se mettent en quête d'affabilité, de courtoisie. Oui, pour Luc, cette fête exhalait le faux, il fleurait cette puanteur émanant de la célèbre Dinde de Noël américaine.

Il déposa sur la table de sa cuisine un prospectus qu'il avait reçu dans sa boîte aux lettres, ces prospectus pour des jouets, avec un "Joyeux Noël" gigantesque, un "Noël Magique" d'un rouge vif, un "Espérons que votre Noël soit plein d'amour" des plus voyants. C'était encore un prospectus qui allait finir aux ordures. Ou bien ?

En y regardant de plus près, Luc remarqua quelque chose d'étrange. Il ne sut d’abord pas ce qui se différenciait des autres publicités, mais quelque chose était inaccoutumé. Il mit quelques secondes, quelques longues secondes, avant de comprendre, c’était le texte qui changeait. Ça lui avait échappé, puisqu’il ne regardait plus les slogans depuis longtemps déjà. Il était écrit : Noël compte pour beaucoup. Si certains puristes ne voient pas cela, c’est qu’ils ne sont pas puristes. Il ne se sentait pas de cette catégorie, ce paradigme ne lui convenait pas. Au contraire, il était plus partisan d’un laxisme naturel.

Naturel ? Laxiste ? Puriste ? Luc se posait maintenant plein de questions. Qui est-il, en réalité ? Un égoïste ? Un antipathique détestant Noël ? Un ermite vivant seul dans son monde ? Ou au contraire un communautariste ? Il avait besoin de sortir, de se changer les idées, ce prospectus l’ayant tout à fait décontenancé. Il se dirigea vers la porte et tourna le bouton.

Il neigeait.

Cela faisait pourtant quelques années que la neige n’était pas réapparue. Il fit un pas dehors. Il y avait trop de cette poudre pure pour rouler en ville. Il rentra chez lui, décidé à mettre des bottes. Chaussé, il pouvait enfin se rendre au centre-ville.

Il marchait entre deux murs tagués, une fausse arme pour Luc, qui trouvait les dessins sur les cloisons des plus ignominieux. Les graffitis se succédaient, ressemblant les uns aux autres. La rue était déserte. Luc se sentit soudain étrangement oppressé, paniqué. Il accéléra. Mais que se passait-il ? Pourquoi se sentait-il si anxieux ? Il marchait toujours sur ce trottoir vide, quand soudain … un éblouissement. Une vive lumière blanche l’aveugla. Il mit plusieurs secondes avant de retrouver la vue. Le moins qu’on puisse dire, c’est que Luc fut surpris.

Il se trouvait sur la place principale de la ville. L’église se dressait fièrement devant lui et les cloches retentissaient au loin. Une foule se dressait tout autour de lui, déambulant au pied de l’édifice. Que faisait Luc ici ? Il découvrit l’étrange place, vagabondant entre les différents individus. Soudain, il remarqua quelque chose, de furieusement effrayant, follement malsain. Tout le monde souriait. Mais pas de ces sourires ″coincés″, forcés, faux, non des grands sourires, remontant jusqu’aux paupières. Des sourires si extravagants qu’ils affolaient. Oui, ils rendaient fous. Une personne l’accosta. Elle n’avait aucune sclère, et semblait vide de l’intérieur.

« Monsieur ? »  demanda-t-elle, toujours en souriant. Luc voulut répondre, mais ses lèvres restaient closes. Une autre personne vint.

« Monsieur ? » De nouveau, Luc ne pouvait rien dire. Bientôt, la foule s’amassait autour de lui, posant la même question. « Monsieur ? Monsieur ? Monsieur, vous allez bien ? » Luc s’écroula par terre.

Lorsqu’il se réveilla, il se trouvait au beau milieu d’une forêt qui s’étendait à perte de vue. C’était la solitude qui l’avait fait atterrir ici, la solitude qui ne le faisait plus vivre. Maintenant, Luc était isolé, abandonné, délaissé, dans un monde infini, infiniment désert, esseulé.

Il était 7h30, ce dimanche de décembre, et un homme venait de finir son café chaud, en cette journée qui s'annonçait déjà trop froide.

Rédacteur en chef depuis le début de l'aventure du journal, je suis plein de curiosité que j'aime vous faire partager.

Les tops et les "le Saviez-vous ?" sont mes articles les plus fréquents, mais il m'arrive d'écrire des articles sur un sujet précis.

 

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